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[LES ECHOS] REGIONALES : CAROLE DELGA S’EST EMPLOYEE A SOUDER LANGUEDOC-ROUSSILLON ET MIDI-PYRENEES

18/05/2021

Carole Delga, la présidente sortante de la région Occitanie, brigue un nouveau mandat. (Alain ROBERT/SIPA) – Source : Les Echos – National – 18 mai 2021

La présidente socialiste de l’Occitanie a multiplié les déplacements dans le Languedoc-Roussillon qui était opposé à la fusion avec Midi-Pyrénées. Elle part favorite lors des élections du mois prochain.

Tutoiement facile, accent chantant et une infatigable présence sur le terrain : Carole Delga s’est imposée à la présidence de la région Occitanie depuis son élection fin 2015. Adoubée à l’époque par l’ancien président de Midi-Pyrénées Martin Malvy, cette socialiste de 49 ans, ex-secrétaire d’Etat au Commerce et à l’Artisanat de François Hollande, a fait son trou et convoite aujourd’hui un deuxième mandat dans cette grande région de treize départements et 5,9 millions d’habitants.

Pendant cinq ans, elle a choyé les Languedociens qui étaient hostiles à la fusion de leur région avec Midi-Pyrénées, décidée sous le quinquennat précédent. Elle a multiplié les déplacements sur le littoral et organisé les assemblées plénières au Parc des Expositions de Montpellier plutôt qu’à Toulouse, la capitale régionale.

Bonne implantation locale

Comme en 2015 où elle l’avait emporté avec 44,8 % des voix devant Louis Aliot du FN (33,9 %) et l’alliance LR-UDI de Dominique Reynié (21,3 %), les sondages la donnent favorite face au Rassemblement national représenté par le magistrat Jean-Paul Garraud, 65 ans, ancien député UMP de Gironde et actuel eurodéputé RN, peu connu localement. Si l’extrême droite est très implantée sur le littoral méditerranéen, Carole Delga a l’avantage de bien connaître le terrain.

Depuis un an, le conseil régional multiplie les aides pour panser les plaies de la crise sanitaire et économique qui a fait chuter l’aéronautique et le tourisme, les piliers de l’économie régionale. Il a accordé 353 millions d’euros à 50.500 entreprises en 2020. « Nous avons pu ainsi sauvegarder 250.000 emplois » se félicite Carole Delga, qui tente de relocaliser l’industrie en commençant par la fabrication de masques.

Cette ancienne fonctionnaire territoriale soutient l’intervention de « la région actionnaire ». L’Agence régionale des investissements stratégiques va entrer au capital du fabricant d’électrolyseurs à hydrogène Genvia à Béziers, du constructeur d’avion électrique Aura Aero à Toulouse, de l’abattoir fermé de Sainte-Geneviève-sur-Argence (Aveyron), etc.

Divergences avec EELV

Pas encore dévoilé, le programme des listes PS-PCF-PRG-MRC-Place Publique, où figurent des non encartés et des personnalités comme l’ancien rugbyman Yannick Jauzion ou le directeur du Samu 31 Vincent Bounes, prolongera la politique menée jusqu’ici. Après une convention citoyenne, Carole Delga a fait voter en novembre un « Green new deal » qui prévoit 300 mesures conciliant le développement économique, l’écologie et le social. Elle n’est pas parvenue pour autant à s’unir avec Les Verts et La France insoumise qui présentent chacun leur liste.

Le chef de file des écologistes, Antoine Maurice, candidat malheureux à la mairie de Toulouse l’an passé, critique les grands projets d’aménagement de la région comme la ligne de train à grande vitesse Bordeaux-Toulouse ou l’autoroute Toulouse-Castres. Il veut réduire le transport aérien, tout en prévoyant de s’allier avec la socialiste au second tour. « Antoine Maurice connaît notre projet : on soutient l’avion […], l’autoroute Toulouse-Castres, la LGV, l’industrie, les chasseurs et les pêcheurs ! » lui a répondu Carole Delga en présentant symboliquement sa liste au musée Aéroscopia de Blagnac. « Au soir du premier tour, si c’est possible, nous travaillerons ensemble, mais je ne changerai pas le projet », a-t-elle prévenu.

Ses adversaires ont beau jeu de critiquer ces divergences. Jean-Paul Garraud a raillé « l’alliance de Carole Delga et des écologistes alors qu’ils ont des désaccords profonds », et critiqué la « distribution de subventions », « une forme de clientélisme » selon lui. « Le risque d’alliance entre Carole Delga et les écologistes intégristes mettra en danger notre économie régionale ! », a tonné le député lotois Aurélien Pradié, 35 ans, chef de file de LR . Celui-ci sera concurrencé par la liste centriste de Vincent Terrail-Novès, 42 ans, maire de Balma à côté de Toulouse, qui a quitté LR en 2017 et bénéficie du soutien de LREM.