Aura Aero
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“LA SOCIETE TOULOUSAINE AURA AERO VEUT LANCER UN AVION REGIONAL ELECTRIQUE” (LA DÉPÊCHE DU MIDI – JANUARY 2021)

06/01/2021

La start-up toulousaine inaugurera en mars sa nouvelle chaîne d’assemblage à Toulouse Francazal. Elle permettra de lancer la production d’un avion de voltige 100 % électrique.

Et de trois ! Toulouse abrite désormais trois constructeurs aéronautiques. Après Airbus et ATR c’est Aura Aero qui fera certifier cette année son avion de voltige conçu et assemblé à l’aéroport de Francazal. Cofondée en 2018 par Jérémy Caussade, un ancien d’Airbus, Aura Aero a réalisé le premier vol de son prototype baptisé Integral en juin 2020. Il a déjà accumulé quinze vols d’essais et entamera fin janvier sa seconde campagne d’essais pour décrocher son permis de voler en 2021 pour sa version thermique. “Nous avons lancé cet avion de voltige car la France est leader sur ce créneau mais, au-delà de la voltige, il y a un marché de leader de l’aviation générale à prendre et notamment dans l’aviation bas carbone” prévient Jérémy Caussade. Et Aura Aero compte bien devenir ce leader. Cet avion de voltige pour l’instant à moteur thermique a bien été pensé dès le début pour devenir à propulsion électrique. Le petit appareil biplace va permettre à la PME de créer un centre de compétences en aviation électrique et de se faire les dents sur l’industrialisation. Début mars sera inauguré une ligne d’assemblage final dans son hangar de Francazal. De 2000 m2 de surface aujourd’hui, “l’usine” s’étendra sur 3 500 m2 et permettra de designer et d’assembler un avion électrique de A à Z.

Le Tesla de l’aérien

Aura Aero a une approche disruptive de l’industrie aéronautique un peu à l’image de Tesla. Appuyée sur une plateforme digitale très souple et dotée d’une puissance de calcul comparable à celle d’Airbus grâce au cloud, la PME se positionne comme un intégrateur. “Nous allons chercher les meilleures briques technologiques, les assemblons, les testons en les amenant à maturité pour les monter sur un avion” décrit Jérémy Caussade. Des discussions avec plusieurs industriels dont notamment Safran ont été engagés sur la propulsion électrique à venir mais le choix technologique du futur moteur de l’Integral ne sera dévoilé qu’en mars. Un projet d’avion électrique plus grand (19 places) d’un rayon d’action régional est déjà à l’étude. Le concept sera dévoilé en mars alors qu’une étude de marché sera lancée en simultané. Cet avion sera d’abord destiné à des petits transporteurs qui verront dans l’électricité une opportunité par exemple pour la réponse à des appels d’offres sur des lignes aériennes dites OSP (obligations de service public). L’intérêt de cet avion 100 % électrique sera d’autant plus renforcé dans la perspective d’un bonus / malus lié à la taxe carbone dans les années à venir. Une nouvelle usine, un projet de nouvel avion, l’industrialisation d’Integral… ces projets vont consommer des capitaux. Une nouvelle levée de fonds de “plusieurs dizaines millions d’euros” sera lancée en 2021 pour une première tranche. Des discussions avec des fonds sont en cours alors que le capital est aujourd’hui détenu par 40 personnes physiques, très impliquées dans l’écosystème aéronautique.

100 salariés fin 2021

Ce nouveau tour de table permettra de financer la croissance d’Aura Aero notamment sur le recrutement de compétences clefs. De deux salariés début 2020, la start-up aéronautique emploie désormais 40 personnes et plus de 100 fin 2021 alors que de nombreux partenariats avec des fournisseurs et sous-traitants majeurs sont aussi noués. D’ailleurs pour prendre sa part face à la crise, Aura Aero transforme des PSE qui frappent les acteurs de l’aéronautique en plans d’innovation en recrutant des salariés et des compétences pour accélérer son propre développement. “Et Toulouse est le meilleur lieu sur Terre pour créer un nouvel avion car toutes les compétences et la chaîne de valeur sont déjà sur place” conclut Jérémy Caussade. Par ailleurs, Aura Aero souhaite prendre toute sa place dans le projet de création d’un technocampus dédié à l’avion hydrogène porté par la région Occitanie notamment grâce à sa capacité à prototyper “très vite” un avion complet.

Déjà 100 commandes

Doté d’une architecture ultra légère mais redoutablement solide en bois carbone, l’avion de voltige est facturé 300 000 €. Il a déjà reçu une centaine de commandes dont trois fermes. La certification doit être décrochée fin 2021 pour une production à Toulouse-Francazal de trente exemplaires en 2022. La cadence annuelle de 50 exemplaires sera atteinte dès 2023. L’appareil pèse un peu moins de 600 kg, atteint une vitesse de 180 noeuds (333 km/h). La version électrique sera capable de recharger ses batteries en environ trente minutes et sera aussi capable d’encaisser les « G » qu’impose la voltige.